Ventes aux Enchères

Tutoyant le monde de l’invisible et de la magie, l’art africain, dans sa volonté de stylisation, a donné des chefs-d’œuvre auxquels les artistes de l’Europe moderne se sont montrés sensibles. Parmi les plus appréciés pour leurs formes totalement inédites figuraient les reliquaires de l’Afrique centrale, tel ce rare exemple de mbulu ngulu, que les collectionneurs se disputaient jusqu’à 14 100 € à Lisieux chez Maitre Bernard Brunet, le samedi 26 mars.

 

Datant de la première moitié du XXe siècle, son pedigree se révélait irréprochable car provenant d’une collection française et accrédité d’une ancienne étiquette jaunie aux indications datées mais nécessaires : «masque funéraire ; race bacota ; région du Mayumbe ; forêt équatoriale ; Moyen Congo.»
Une partie du Congo en effet, mais surtout le Gabon, ont ainsi donné naissance à un style, appelé «kota» et partagé par plusieurs ethnies. Très caractéristiques de ce vocabulaire commun, des reliquaires de bois habillés de plaques de métal, laiton et cuivre, étaient placés au-dessus de paniers contenant les ossements de grands ancêtres. Suivant les tribus, ces objets sacrés sont appelés mbumha, bwété ou mbulu ngulu ; en pays bakota, au nord du Congo, comme partout ailleurs, on leur vouait un véritable culte, nourri de sacrifices d’animaux et de danses rituelles. Ils présentent des traits semblables, à commencer par la structure ovale de leurs visages. Ceux-ci sont marqués de scarifications au repoussé, ou gravées dans le métal. Une coiffure à pendants latéraux se termine en cimier au-dessus de la tête.

 

Il est à noter que, lorsque les Européens commencèrent à collecter ces vestiges funéraires dans les années 1930, les habitants du pays kota procédèrent parfois à une désacralisation de la statuette, en cassant une partie de sa coiffe.

 

C’est ce qui est arrivé à notre mbulu ngulu, sans, heureusement, altérer son imperturbable beauté.
Lisieux, samedi 26 mars 2016,
Lisieux Enchères SVV
Expert M. Le Bras